Journal de Bord - Chevrier : «Pas fixé sur mon avenir»

 

Depuis le 8 juillet, Clément Chevrier est de retour sur le sol américain. Après une période, assez difficile, en France, conclue par le Championnat de France du Futuroscope, Clément, "impatient de retrouver les coéquipiers et le staff", a repris son envol vers de nouveaux horizons ! Le coureur de la Bissell Development Team débute son nouveau Journal de Bord avec Cyclism'Actu par un résumé complet de son Championnat de France. Entre déception et émerveillement, Clément nous raconta sa course, ses sentiments et un tas d'autres choses. Ensuite, il nous dévoile la suite de son programme. Après une reprise à la Cascade Cycling Classic (actuellement 27e du classement général, Ndlr), Clément sera sur le Tour d'Utah pour se "préparer" en vue du Tour de Colorado, ou en vue du Tour de l'Avenir, en fonction du choix du sélectionneur de l'équipe de France Espoirs. Enfin, il nous parle de son futur. "Absolument pas fixé sur mon avenir", Clément juge que passer plus haut en 2015 est "primordial (...) pour grandir, progresser et s’épanouir". Place au 8e Journal de Bord avec Clément Chevrier !

 

Le Championnat de France du Futuroscope

 

C'est difficile d'être satisfait d'une 83e place... Le résultat n'est pas bon, mais l'objectif principal était davantage de découvrir, de prendre de l'expérience et de la caisse, en bouclant les 251 kilomètres de course. Je n'avais jamais dépassé 200 kilomètres auparavant. C'était donc intéressant de finir ce Championnat. Évidemment, avant la course je ne partais pas avec des ambitions de résultat. La distance, le parcours, mon inexpérience, ma condition du moment et surtout le fait d'être d'isoler parmi toutes les équipes françaises faisaient que le résultat était quasi impossible... Les sensations étaient mitigées, meilleures en deuxième partie de course qu'en première, mais je manquais surtout de caisse pour peser sur la course après 200 kilomètres. C'est dommage...

 

"J'ai clairement lâché parce que j'étais sec"

 

Je saute du reste du peloton à 15 kilomètres de l'arrivée, usé par le rythme des coureurs de la FDJ.fr, forcément, mais surtout par le fait d'être isolé par rapport aux autres coureurs sur un circuit aussi sinueux et venteux où le placement reste important avec notamment toutes les relances. 

Oui, c’est dur de faire sa place dans le peloton seul. Encore plus sur un circuit aussi sinueux et avec autant de relances. Le souci c'est qu’après les 24 coureurs de la FDJ.fr en file indienne, il faut rajouter les 20 coureurs d'Ag2r La Mondiale, Europcar, Cofidis, Bretagne Séché...etc. On se retrouve vite en 60e position ! Et faire plus de 250 kilomètres aussi loin dans le peloton c'est très usant... Ce n'est pas un problème de laisser la place ou non. C'est la course et une hiérarchie se crée forcément dans le peloton entre les équipes et les coureurs. Par sa notoriété et sa force un coureur comme Sylvain Chavanel remontera et intègrera bien plus facilement la file que moi. Et c'est tout à fait normal. 

J'ai clairement lâché parce que j'étais sec comme l'on dit. À la pédale. Après ça, j'ai rallié l'arrivée avec Thomas Damuseau et Julien Berard plus tranquillement. Et un peloton lancé à toute vitesse pour jouer la gagne creuse vite l'écart...

 

"Je n'ai fait que subir le rythme des coéquipiers d'Arnaud Démare"

 

La course en elle-même n'était pas très intéressante... Personnellement, je n'ai fait que subir le rythme des coéquipiers d'Arnaud Démare. Comme bon nombre de coureurs je pense... Mais leur tactique était la bonne pour ramener le maillot et c'est une très belle performance collective qu'ils ont réussi ce jour-là. Bravo à eux ! Également très content que ce soit Arnaud le vainqueur.

 

"Quel beau Champion de France nous avons !"

 

Quel beau Champion de France nous avons ! Je le connais depuis que j'ai commencé le cyclisme, où nous avons partagé le même maillot de la sélection de la Picardie. C'est toujours plaisant de voir évoluer quelqu'un qui a su rester humble et la tête sur les épaules, malgré l'envergure qu'il a pris... C'est ce qui fait la classe d'un champion à mon goût.

 

"Chez les professionnels, c'est très stéréotypé, un peu trop..."

 

Tout est plus grand. Dès la présentation des équipes, l'avant-veille, avec Daniel Mangeas comme speaker, j'ai été enthousiasmé d'être là. Cela permet de revoir beaucoup de monde, amis...etc. C'est très rare de pouvoir tous se réunir sur un même événement ! La grosse différence par rapport à un Championnat Amateurs, c'est la manière de courir. En effet chez les Amateurs, c'est une course de mouvement, très imprévisible. Alors que chez les professionnels, c'est très stéréotypé. Peut-être même un peu trop sur ce Championnat de France...

 

"Je ne peux pas être satisfait de ne pas être acteur d'une course"

 

J'étais quand même déçu. Je ne peux pas être satisfait de ne pas être acteur d'une course. Seul, j'ai clairement subi toute la course. Ce n'est pas agréable. Le seul point positif reste le fait d'avoir bouclé les 251 kilomètres de course, pour l'expérience. Je voulais au moins finir. Chose faite donc.

Ça reste toujours impressionnant un Championnat de France. Disons que je suis vite impressionné aussi... Mais le fait d'être assisté par Eddy Seigneur et l'équipe IAM Cycling pendant la course m'a permis de ramener quelques bidons à Sylvain Chavanel par exemple... C'est toujours appréciable.

 

"Je vais reprendre par les bases en travaillant la force et l'endurance"

 

Après le Championnat de France, j'ai observé 4 jours sans vélo. Avec une reprise vraiment en douceur. Et en famille. C'était surtout ça le plus important avant de repartir pour deux mois aux Etats-Unis. J'ai en fait observé la traditionnelle coupure de mi-saison. Maintenant, je vais reprendre par les bases en travaillant la force et l'endurance. Je vais me servir de ma prochaine course, qui dure 5 jours, pour refaire du rythme et élever mon niveau pour les courses du mois d'août.

Pendant mon séjour en France, l'équipe est restée proche, le staff comme les coéquipiers. Avec des messages d'encouragement, la programmation des semaines à venir...etc. 

 

La suite du programme et le retour aux USA

 

Je suis content de repartir courir aux Etats-Unis. Je me suis engagé pour cela aussi. Impatient de retrouver les coéquipiers, le staff, les gens qui m'ont accueilli lors de mon premier séjour, les routes d'entraînements et surtout découvrir ces superbes courses d'août. Évidemment, j'étais content de rentrer en France. Mais je me sentais bien aussi aux Etats-Unis. En fait, ce qui m'a été bénéfique dans mon retour en Europe a été de revoir la famille et les amis. J'ai bien pu en profiter pour repartir sur de bonnes bases aux U.S.

 

"Préparer le Tour de l'Utah puis le Tour de Colorado"

 

Je viens de passer une semaine à Santa Rosa en Californie chez le chef cuisinier français, qui m'avait accueillit la première fois. Là, je dispute la Cascade Classic du 15 au 20 juillet dans l'Oregon. J'enchaînerais avec un stage d'une quinzaine de jours à Boulder dans le Colorado, pour préparer le Tour de l'Utah puis le Tour de Colorado. Je rentrerai ensuite en France.

 

"Le Tour de l'Utah rentre dans une optique de préparation"

 

Le gros objectif est le Tour du Colorado. Pour l'équipe et pour moi-même. C'est une course très montagneuse qui se dispute souvent à plus de 3 000 mètres d'altitude ! Ce qui risque de rendre les choses encore plus difficiles. Le but sera de faire comme au Tour de Californie, c'est-à-dire donner le maximum. Pour un classement général honorable, mais aussi pour essayer de décrocher quelques accessits sur les étapes.

Le Tour de l'Utah rentre dans une optique de préparation. Il est également très difficile. Peut-être même trop à écouter certaines personnes. Encore plus montagneux qu'un Tour du Colorado ! Ce sont des courses où nous, coureurs Espoirs d'équipe continentale avons beaucoup d'opportunités pour se mettre en valeur. À nous de les saisir.

 

"Si je suis sélectionné pour le Tour de l’Avenir, ça sera l'objectif de l'année"

 

Pour le moment, je suis concentré sur le Tour du Colorado. Je me prépare pour cela. La course chevauche le Tour de l'Avenir sur le calendrier. Ayant besoin de savoir où je vais et pourquoi je m'entraîne, je vise pour le moment le Tour du Colorado. Mais, si le sélectionneur me propose le Tour de l'Avenir lorsqu'il sera fixé sur sa sélection, alors je pourrai bien me retourner sur la course française !

Quoi qu'il en soit je veux être en condition sur cette période et je m'entraîne pour. Pour le Tour de l’Avenir, comme pour le Colorado. Si je suis sélectionné pour le Tour de l’Avenir, oui sans aucun doute ça sera l'objectif de l'année. C'est la plus belle course du calendrier pour un coureur Espoirs !

 

Le futur et les prochaines saisons

 

Aujourd'hui, je ne suis pas absolument pas fixé sur mon avenir... Un bon résultat au Tour des Pays de Savoie aurait pu faire accélérer les choses. Que ce soit pour l'an prochain, comme pour mon programme de fin de saison avec l'équipe de France, notamment. Malheureusement, je n'étais pas en condition et j'ai mes raisons. J'espère juste que l'on ne va pas juste retenir cette contre-performance, mais plutôt les bonnes choses que j'ai pu réaliser l'an passé et en première partie de saison...

 

"C'est primordial de passer plus haut, pour grandir, progresser et s’épanouir"

 

Oui, c'est primordial de passer plus haut. Pour grandir, progresser et s’épanouir. Bissell Development Team n'est qu'une étape, un tremplin pour se former et intégrer une équipe d'un niveau supérieur avec un calendrier encore plus étoffé. De toute manière, je n'ai qu'un contrat d'un an avec l'équipe. Je me dois donc de trouver une nouvelle équipe pour l'année prochaine...

Clément 

 

Propos recueillis par Alexis ROSE 

 

Les précédents Journaux de Bord de Clément Chevrier : #1, #2, #3, #4, #5, #6, #7.